Mélina Joyeux est agrégée et doctorante en histoire contemporaine à Aix-Marseille Université, où elle occupe actuellement les fonctions d’attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER). La thèse qu’elle prépare au sein du laboratoire TELEMMe, sous la direction de Karima Dirèche, porte sur les enseignements pratiques, techniques et professionnels dispensés aux filles algériennes et tunisiennes à la période coloniale. Elle est également assistante du projet « Penser la Méditerranée ensemble » auprès du Centre franco-allemand de Provence.
« La Méditerranée a d’abord été pour moi une inconnue : j’ai grandi près de l’océan et ne l’ai vue pour la première fois qu’à mes 18 ans, sans en garder un souvenir marquant. C’est au moment où j’ai entamé des études d’histoire et de sociologie que je l’ai vraiment « rencontrée », que j’ai appris à la connaître en m’intéressant notamment au Maghreb contemporain et à l’apprentissage de l’arabe littéral. Face au développement, en France et en Europe, des discours haineux et racistes, alimentés par des idéologies identitaires qui instrumentalisent les récits historiques et font le terreau des discriminations, l’étude de l’histoire coloniale et postcoloniale m’est apparue comme une impérieuse nécessité.
Aujourd’hui, les choix professionnels et les hasards personnels m’ont conduite à vivre en Provence et à traverser la Méditerranée plusieurs fois par an pour rejoindre la Corse, l’Algérie, la Tunisie ou l’Italie. Cette mer m’est devenue peu à peu familière. J’ai toutefois conscience du privilège de pouvoir me déplacer librement d’une rive à l’autre. Tous et toutes n’ont pas cette chance. Ainsi, l’un des premiers objectifs d’un office transméditerranéen de la jeunesse devrait être de faciliter et de rendre plus justes les circulations des femmes et des hommes au sein de cet espace partagé. Et même si un tel office ne saurait répondre, à lui seul, à des enjeux complexes et éminemment politiques, ce projet représente une opportunité de rencontres et d’échanges pour « penser ensemble », ouvrir des perspectives de recherche encore trop souvent cloisonnées, écouter des acteurs·trices issu·es d’horizons divers, donner la parole à celles et ceux qui, d’une certaine façon, feront la Méditerranée de demain. »