Léa Battais est doctorante en Histoire de l’art contemporain à l’université Aix-Marseille (Mesopolhis - AMU, CNRS, Sciences Po Aix, UMR 7064, TELEMMe – AMU, CNRS, UMR 7303). Après s’être intéressée au lien entre art, architecture et design dans les années 1970 en Italie, elle poursuit ses recherches sur l’engagement artistique à travers un ancrage dans l’espace urbain dans le contexte méditerranéen.
Je suis née et j’ai grandie à Marseille. Ma famille est arrivée dans cette ville en partant d’autres rives, d’autres îles. Souvent, j’entends parler de ces endroits, ils hantent nos repas familiaux. Je sais que ma vision de la Méditerranée est tronquée. Il m’en manque une partie, qui m’échappera toujours, et que mon imagination tente de combler. Une imagination qui assemble des souvenirs oraux et des anecdotes qui ne sont pas les miens. Une imagination qui est loin de rencontrer les réalités de cet espace et de son histoire, des vies qui le peuplent et qui le traversent.
La Méditerranée s’étale aussi dans mes recherches. Elle y est alors tout autre. L’asymétrie qu’elle reflète y est plus visible, et les questions y restent en suspens. J’essaye alors d’y répondre, et les artistes m’y aident. Ils dessinent d’autres cartes, racontent d’autres histoires, nous montrent d’autres lieux. Parfois, ces histoires et ces lieux se répondent, et je comprends alors pourquoi certains se demandent ce qu’est la Méditerranée et tentent de la définir. Mais la définir revient toujours me semble-t-il à lui enlever une part d’elle-même, et nous fait immédiatement nous reposer la même question. Nous ne ferons sans doute jamais le tour de la question, mais les artistes nous donnent d’autres pistes, d’autres représentations et nous guident vers ce qui compte vraiment. Je suis alors leurs engagements, leurs circulations et leurs traces. J’espère que cette recherche me mènera vers d’autres rives.